Pierre-André Aouizerats : « Nous avons inauguré une nouvelle ligne de masques »

 Dans Hors-Série – Comment l’ont-ils vécu ?

﹛𝐇𝐎𝐑𝐒 𝐒𝐄́𝐑𝐈𝐄 : Comment l’ont-ils vécus ?﹜

La pandémie Covid-19 a bousculé nos repères, personnels et professionnels. Elle a remis en questions nos fonctionnements, nos certitudes, voire la pérennité de nos activités. Toujours à « hauteur d’Homme », au plus près de vos préoccupations, la Banque de Savoie a interrogé les acteurs de la vie économique locale dont vous avez fait la connaissance dans notre rubrique Savoyards de cœur. Voici leurs témoignages à chaud sur la période inédite que nous traversons.

Pierre-André Aouizerats, quels sont les points négatifs que vous retenez de cette crise Covid-19 ?

Cette crise a été un choc intellectuel et émotionnel important. Pour organiser la vie familiale et scolaire, gérer mes préoccupations pour la santé des miens, de mes 27 salariés, de mon entreprise, je suis passé des mots à l’action.

 

Comment avez-vous réagi à la crise sanitaire ?

A vrai dire, nous avions déjà adopté les gestes barrières et un protocole de sécurité depuis fin février. Je suis allé en Italie pour un salon à ce moment-là et j’ai pris dès mon retour les mesures qui ont été appliquées en France quelques semaines plus tard.

 

Quand êtes-vous sorti du confinement ?

Nous avons fermé le site pendant dix jours, puis j’ai fait appel à mes employés pour mettre en place notre plan de continuité d’activité. Nous avions du stock de matières premières et nous avons pu reprendre la production en cours, avec des équipes alternant matin et après-midi. Malgré les contraintes fortes, comme les nettoyages de poste deux fois par jour, l’union et la motivation des équipes m’ont beaucoup rassuré.

 

Avez-vous adapté votre offre pour répondre aux demandes du marché ?

Bien sûr ! En avril, nous avons reçu de nombreuses sollicitations pour participer à « l’effort de guerre », venant de l’Etat, des collectivités territoriales et de grands groupes impliqués dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Pour mettre au point le masque que nous avons fabriqué, sans couture avec trois épaisseurs soudées, nous avons engagé une vraie course contre la montre. Notre bureau d’études a travaillé sur la caractérisation et l’approvisionnement des matières pour créer un assemblage inédit de mousse polyuréthane haute densité + polyester, sur une seule pièce. Nous voulions, comme à notre habitude, créer un produit que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Nous avons rapidement adapté notre outillage pour produire 5000 masques par jour, mais la validation de nos échantillons par la DGA (Direction Générale de l’Armement), la seule structure habilitée pour cette homologation, a pris cinq semaines. Quand cette validation est arrivée mi-mai, la demande était forcément amoindrie. La vague d’achats frénétiques de nos donneurs d’ordre était passée… par l’Asie.

 

Avez-vous le sentiment d’avoir été oublié ?

En partie… L’urgence a donné lieu à des non-sens industriels qui nous ont fait réfléchir. Nos masques lavables et réutilisables sont plus économiques et écologiques que les masques jetables importés en masse.

 

Quels sont les impacts positifs que vous retenez de cet épisode de crise ?

En premier lieu, la mobilisation de mes équipes : les personnalités, la solidarité se sont révélées dans ce moment crucial. Ensuite, je reste optimiste pour notre production de masques. Nous sommes désormais référencés sur les plateformes régionales et nationales comme fabricants de produits homologués et notre ligne tourne encore. Le masque va peut-être entrer dans notre culture, comme en Asie, où il est porté pour prévenir les épidémies de maladies infectieuses, graves ou non.

 

Comment voyez-vous l’avenir de votre entreprise ?

Le second choc auquel nous allons faire face est celui que nos clients ont subi. En attendant, la production de masque nous a permis de limiter notre baisse de CA a seulement 10%. Notre métier de niche, peu concurrencé, a sauvé notre entreprise : nous avons continué à fournir le marché paramédical sans interruption. Nous avons aussi profité de cette période pour poursuivre notre investissement industriel (équipement de refroidissement des machines haute fréquence) et pour muscler notre visibilité.

Nous avons lancé une campagne de mailing ciblant 10 000 contacts et nous sommes restés offensifs sur les réseaux sociaux et présents sur les pôles de compétitivité. Notre masque français, confortable, design, écologique, logotypable, a plu au Japon : nous venons d’envoyer 3000 pièces au Pays du soleil levant !

 

Retrouvez Astra Soudure sur LinkedIn et sur internet.

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