Jessica Garin : « La solidarité de tous nos partenaires m’a donné confiance en moi »
﹛𝐇𝐎𝐑𝐒 𝐒𝐄́𝐑𝐈𝐄 : Comment l’ont-ils vécus ?﹜
La pandémie Covid-19 a bousculé nos repères, personnels et professionnels. Elle a remis en questions nos fonctionnements, nos certitudes, voire la pérennité de nos activités. Toujours à « hauteur d’Homme », au plus près de vos préoccupations, la Banque de Savoie a interrogé les acteurs de la vie économique locale dont vous avez fait la connaissance dans notre rubrique Savoyards de cœur. Voici leurs témoignages à chaud sur la période inédite que nous traversons.
Jessica Garin, quels sont les points négatifs que vous retenez de cette crise Covid-19 ?
Je n’étais pas prête à être coupée dans mon élan, même si nous pressentions l’arrivée de la crise. Le soir de l’allocution présidentielle, j’ai échangé avec d’autres entrepreneurs de mon secteur car nous n’avions pas vraiment compris ce que nous devions faire : même la Ministre du Travail laissait entendre que les chantiers auraient pu continuer. J’ai finalement pris la décision de fermer l’entreprise et d’autres patrons du secteur ont fait la même chose.
Comment vos collaborateurs ont-ils vécu cette période de confinement ?
Ils ont apprécié que je décide l’arrêt total des chantiers. Ils ont vu que leur santé était ma priorité et ils savent que rien n’est plus important pour moi que le facteur humain. Nous sommes restés en contact par téléphone pendant toute cette période pour nous concerter sur les projets en cours. Chez nous, toutes les décisions sont prises en concertation avec l’ensemble des salariés.
Selon quelles modalités vos équipes ont-elles repris le travail ?
J’ai fait appel au volontariat et les 45 personnes de l’entreprise ont toutes répondu présentes. Je suis heureuse de cette mobilisation et encore plus fière de me battre pour ceux qui, comme moi, continuent de faire vivre la société fondée par mon père il y a 40 ans. Sur les chantiers, nous avons suivi le Guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de la construction. J’ai investi 4000€ pour acheter des kits de sécurité (masques, gel, désinfectant pour nos véhicules, poubelles…). Les compagnons ne montent que par deux, et masqués, dans les camions de l’entreprise. Sur les toits, la distanciation est forcément respectée et nous ne sommes impactés par aucune co-activité : nous montons seuls sur nos échafaudages. Au sol, nous préservons la distanciation sociale avec les clients et entre nous : les réunions n’ont lieu qu’à l’extérieur, toujours en respectant les gestes barrières.
Comment vos clients ont-ils réagi pendant cette période d’arrêt ?
En m’adressant leurs ordres de service d’arrêt de chantier, mes clients m’ont permis de geler nos délais contractuels et d’éviter toute pénalité de retard. Nos échéances ont été payées et les ordres de reprise ont suivi. Nous avons la chance que nos clients soient sensibles à la valeur des monuments historiques et aux savoir-faire que nous cultivons pour les restaurer.
Je les ai tous appelés pour savoir s’ils étaient prêts à poursuivre nos projets et aucun chantier n’a été annulé, je peux envisager l’avenir avec sérénité.
Comment pensez-vous compenser la période de chômage que vous avez traversée ?
Nous bénéficions du dispositif mis en place par l’Etat pour le chômage partiel et du PGE accordé par notre banque. Malgré notre baisse de CA et le faible amortissement de nos frais généraux, nous restons confiants.
Retiendrez-vous une impression positive de cette période?
Oui ! Une belle chaîne de solidarité s’est mise en place, sur le plan économique et humain.
A l’échelle nationale, notre profession a été bien représentée et, au final, bien informée par la Fédération. Quant à notre entreprise, elle a consolidé ses bases relationnelles, en interne comme avec nos clients et nos partenaires. Malgré la distance, j’ai pu compter sur toutes les bonnes volontés. Ce constat me touche vraiment et me donne envie d’affronter l’avenir.
> Voir l’entretien avec Jessica Garin sur son parcours et son entreprise.
