Benoît Rastier : « L’événementiel se réinvente pour survivre »

 Dans Hors-Série – Comment l’ont-ils vécu ?

﹛𝐇𝐎𝐑𝐒 𝐒𝐄́𝐑𝐈𝐄 : Comment l’ont-ils vécus ?﹜

La pandémie Covid-19 a bousculé nos repères, personnels et professionnels. Elle a remis en questions nos fonctionnements, nos certitudes, voire la pérennité de nos activités. Toujours à « hauteur d’Homme », au plus près de vos préoccupations, la Banque de Savoie a interrogé les acteurs de la vie économique locale dont vous avez fait la connaissance dans notre rubrique Savoyards de cœur. Voici leurs témoignages à chaud sur la période inédite que nous traversons.

Benoît Rastier, quels sont les points négatifs que vous retenez de cette crise Covid-19 ?

Nous avons dû annuler le festival Pharaonic 10 jours avant son ouverture. Je travaillais depuis sept mois avec mes 4 employés sur cet événement qui représente 500 000 € d’investissement… Cet arrêt brutal a eu l’effet d’un tsunami sur notre équipe. Nous avions l’autorisation de rassembler 7000 personnes au Phare de Chambéry et l’interdiction est tombée alors que nous avions déjà vendu 3700 billets. Le cataclysme a ensuite touché de gros événements comme Musilac… nous avons compris que nous devions passer à l’étape d’après.

Comment avez-vous géré cette annulation avec vos prestataires et vos clients ?

Nous ne pouvions pas rembourser les réservations. Nous avons donc vite projeté un report de l’événement au 20 juin. Trop tôt ! Le samedi 10 octobre 2020 a finalement été retenu, en accord avec les artistes Dimitri Vegas & Like Mike, pour garantir leur présence. Ce sont les Dj n°1 dans le monde, ils rassemblent 13 millions de fans sur Facebook, nous sommes les seuls à pouvoir les inviter en France… Bref, nous avons composé avec leur calendrier, en espérant que la pandémie sera derrière nous. Nous avons fait cela uniquement pour Pharaonic pour la fete de la musique !!!!!

Comment vivez-vous en attendant le « retour à la normale » de votre activité ?

On se mobilise, on se réinvente pour exister, pour répondre à la soif de fête qui s’exprime. Depuis le confinement, nous avons multiplié les soirées gratuites en « live stream » et à huis clos une ou deux fois par semaine, pour que les gens puissent s’amuser, danser, chanter chez eux. Pour la Fête de la musique, par exemple, nous avons fait venir six talents régionaux de la musique électronique qui ont joué de 18h à 23h, en direct du Phare. Un vrai show interactif avec une petite dose de fun : sur les masques, il y avait des têtes de Pharaon ! Ce concert virtuel exceptionnel a été suivi par 100 000 personnes sur les réseaux sociaux ! Nous voulions que chacun puisse participer en postant des vidéos en temps réel et ce partage a parfaitement fonctionné. Les gens se sont filmés chez eux en famille, entre amis sur un bateau, dans les bars et les restaurants qui avaient prévu un menu spécial et notre live pour animer la soirée…

Nous attendons avec impatience le mois de septembre : la ville de Cluses nous a demandé d’organiser un concert sur le thème de la famille avec les Kids United, puis une autre soirée avec l’Orchestre des Pays de Savoie. Nous accueillerons le public avec un dispositif rassurant, une nouvelle gestion des flux et des précautions pour éviter les contacts. Pour Pharaonic nous utiliserons le principe cashless, une carte rechargeable qui permet de payer sans argent liquide.

Comment voyez-vous l’avenir de votre secteur ?

L’événementiel, qui emploie 335 000 personnes en France, prévoit une baisse de sa marge brute de 50% en 2020 et de 30% en 2021. Ces perspectives ne sont pas réjouissantes, mais après une longue période de restrictions, nous savons que nos clients seront très demandeurs. Certains de nos événements rassembleront moins de monde pour être maintenus, d’autres sont reportés à l’année prochaine…

L’ADN de notre métier, c’est la convivialité. Ce qui lui donne du sens, c’est le lien social. Rien ne remplace le bonheur de vivre la même chose au même moment. Ceci dit, le digital a pris une place importante ces derniers mois et nous élargirons sans doute l’audience de nos événements en mixant davantage encore virtuel et présentiel.

Quels sont les points positifs que vous retenez de cet épisode de crise ?

L’Etat avec la prise en charge de l’activité partielle, la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), la Région avec son aide de 5000€, les banques avec le PGE, tous ont été réactifs. J’ai pu maintenir le salaire de mes employés à 100%. En interne, nous avons appris à communiquer à distance avec des visioconférences chaque semaine. Le lien a été maintenu de la même façon avec les clients ; nous maîtrisons les outils qui nous font gagner en productivité et en temps de transport. Le télétravail est une solution d’avenir, c’est certain, et il n’exclut pas une certaine convivialité.

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