Alexandre Jenny : « L’agilité des petites entreprises m’a surpris »

﹛𝐇𝐎𝐑𝐒 𝐒𝐄́𝐑𝐈𝐄 : Comment l’ont-ils vécus ?﹜

La pandémie Covid-19 a bousculé nos repères, personnels et professionnels. Elle a remis en questions nos fonctionnements, nos certitudes, voire la pérennité de nos activités. Toujours à « hauteur d’Homme », au plus près de vos préoccupations, la Banque de Savoie a interrogé les acteurs de la vie économique locale dont vous avez fait la connaissance dans notre rubrique Savoyards de cœur. Voici leurs témoignages à chaud sur la période inédite que nous traversons.

Alexandre Jenny a fondé le Hub des Alpes de Chambéry, un site ressource pour les entreprises de la région. En lien étroit avec les startups et grands groupes qu’il accompagne, il a été bluffé par la réactivité de nombreuses petites sociétés, agiles et inventives.

Alexandre Jenny, quels sont les points négatifs que vous retenez de cette crise Covid-19 ?

L’arrêt abrupt de nos activités nous a tous surpris, évidemment. Mais je dirais qu’après quelques jours de déni ou de sidération, la plupart des entreprises ont tiré leurs charges au cordeau pour préserver leur trésorerie et activé une gestion de crise qui leur a évité l’effondrement, aussi bien moral et financier.

Comment avez-vous soutenu les entreprises que vous accompagnez ?

En tant qu’investisseur, j’ai poursuivi mes prises de participation.

En tant que conseil, j’ai posté une synthèse de bonnes pratiques sur ma page LinkedIn pour répondre aux questions des managers sur le télétravail. Elle a été consultée par 10 000 personnes car elle était pragmatique et applicable simplement.

En tant que propriétaire du Hub des Alpes, j’ai offert trois mois de loyer aux entreprises hébergées sur notre site. Nous sommes tous les maillons d’une chaîne de solidarité et j’ai pu soutenir les professionnels qui subissaient la crise de plein fouet grâce à ma banque. Comme d’autres établissements, celle-ci a fourni un énorme travail pour mettre en place des reports de remboursements. Ce décalage a permis de redonner de la trésorerie aux startups.

Quelles sont les impacts positifs que vous retenez de cet épisode de crise ?

Beaucoup de startups digitales ont accéléré leur propre digitalisation en adoptant massivement des outils de gestion de tâches partagés ou de messagerie collaborative, comme Monday, Slack, Skype, Teams, Zoom ou Google Meet. Pendant cette période très déstabilisante, certains de ces outils ont été essentiels pour maintenir le lien social entre les équipes.

Certaines sociétés ont fait pivoter leur activité. Un exemple : Ephémère Square, loueur de stands pour les événements professionnels, a fait face à l’annulation des salons en transformant ses modules en mobilier de jardin pour le marché BtoC !

Les grandes entreprises, plus dotées mais moins agiles, ont développé de nouveaux produits. Je leur ai conseillé de préparer leur communication dès avril pour générer du chiffre d’affaires dès leur lancement de gammes, en septembre.

Comment voyez-vous l’avenir de votre secteur ?

L’évolution de nos comportements ne sera pas disruptive. Certes, le télétravail peut devenir un standard : le full remote révèle l’autonomie et la productivité de nombreux employés. Mais attention, rien ne remplace les outils de management visuel, comme le post-it wall sur lequel chacun voit l’avancée d’un projet en temps réel, ou les salles de meeting où les équipes stimulent leurs process créatifs.

Les entrepreneurs qui projettent déjà de réduire leur surface de bureaux économiseraient l’équivalent de 3% de masse salariale. Je ne sais pas si cette opération serait rentable : est-ce que la perte d’efficacité due au télétravail est limitée à 3% ?

Après le confinement, je suis convaincu que la communication est le nerf de la guerre.

Nos réflexes d’acheteurs ont évolué et il est probable que nous consommerons différemment. Maintenant, c’est aux sociétés de trouver le bon wording pour donner une nouvelle visibilité et une nouvelle crédibilité à leurs offres de produits et services.

> Voir l’entretien avec Alexandre Jenny sur son parcours et ses activités