David Talerman : le guide du (savoir)-vivre en Suisse

 Dans Savoyard de coeur

Vivre en Suisse a bousculé tous les a priori de David Talerman sur ce pays « si proche et pourtant si différent du nôtre. » A ceux qui croient que parler la même langue gomme toute frontière culturelle, il répond avec le sourire : « Non, la Suisse romande n’est pas un département français ! ». Avec humilité, il reconnaît qu’il a commis lui-même beaucoup d’erreurs dans ce pays voisin et consacre aujourd’hui son énergie à faciliter les démarches de ceux qui souhaitent faire carrière en Suisse.

De Paris à Lausanne

Homme de dialogue, David Talerman doit l’originalité de son parcours professionnel à d’inspirantes rencontres humaines. Alors qu’il travaille au développement d’automates pour une banque française, il est « chassé » pour ses connaissances digitales par une toute nouvelle banque en ligne, qui ne résistera pas à l’assaut de ses concurrents. Trois heures après avoir posté son CV en juillet 2001 dans des cabinets de recrutement français, canadiens, anglais et suisses, une banque cantonale l’appelle.

« Une entente immédiate » s’instaure entre David Talerman et son recruteur, séduit par sa maîtrise des sujets bancaires et digitaux. « J’ai alors fait le choix de vivre en Suisse pour m’imprégner de la culture. Je conseille vivement à ceux qui le peuvent de ne pas rester frontalier. Rien ne vaut une immersion totale pour s’intégrer rapidement et s’assurer une longévité professionnelle, peu envisageable dans d’autres conditions. »

Quatre ans pour comprendre et partager

Au cours de ses quatre premières années à Lausanne, David Talerman note toutes les étapes de son parcours d’expatrié et rédige Travailler et vivre en Suisse, un guide pratique qui paraît en 2005. Mise à jour et rééditée six fois depuis sa première parution, cette compilation de 520 pages est devenue la « bible » des salariés, indépendants, créateurs d’entreprise et étudiants qui rêvent d’Helvétie. En 19 chapitres, ils apprennent tout sur les conditions d’emploi, les démarches administratives à accomplir pour un permis de travail, les formalités liées au logement, l’assurance-maladie, la fiscalité, l’éducation des enfants…

« Le plus petit chapitre de l’ouvrage est le plus important. En six pages, il donne les clés de la « suisse attitude ». Nous, Français, devons oublier notre individualisme latin pour accepter l’influence de la communauté sur chaque décision prise. La démocratie directe s’exerce à l’échelle de la Confédération par référendum mais il faut aussi appliquer ce schéma citoyen à l’entreprise : tout dirigeant consulte ses employés avant de trancher. Notre management, parfois « top/down », est mal perçu. Dans le cadre professionnel, voire personnel, la discrétion et la retenue sont de mise. Le tempérament suisse est plus proche du japonais que du nôtre ! »

Plus loin dans le conseil

Fort du succès de son livre, David Talerman fonde le site éponyme travailler-en-suisse.ch qui sera rapidement référencé par de nombreuses institutions suisses et européennes. Avec 120 000 visites par mois, il aiguille Français, Belges, Luxembourgeois et autres francophones sur la marche à suivre pour devenir résidents suisses. Ses tutoriels et services payants – rédaction de CV et lettre de motivation, coaching pour les entretiens d’embauche – aident à viser juste sur le marché suisse, exigeant et spécifique.

En 2007, David Talerman lance Expatwire, la société qui chapeaute toutes ses activités de conseil liées à l’expatriation et à l’emploi en Suisse. Actif sur les réseaux sociaux, ce pionnier du digital interagit avec ses lecteurs pour améliorer constamment la qualité de ses informations.

Et vous, êtes-vous fait pour la Suisse ?

David Talerman estime que les profils qui ont le plus de chance de s’intégrer dans le tissu très dense des PME suisses sont les ressortissants européens qualifiés pour des postes non pourvus par des locaux.

Les secteurs de la pharmacie et des Medtech (chirurgie), de la mécatronique et autres microtechniques de précision qui se sont développées dans le sillage de l’horlogerie demandent des formations pointues, parfois rares sur le territoire helvète. Quant à « la prééminence de la banque », relève-t-il, elle fait partie des  clichés du marché suisse puisque ce secteur ne constitue que 11% du PIB.

 « Les opportunités vont se multiplier puisque 40% de la population active du pays va partir en retraite entre 2020 et 2022. Mais la compétition est rude : le monde entier postule pour travailler dans ce pays très courtisé pour ses salaires attractifs, son environnement et sa qualité de vie. Sur le plan familial, il faut bien s’organiser avant de se lancer dans l’aventure. Le temps de travail hebdomadaire va de 42 à 45h et le coût des infrastructures périscolaires ou la rémunération des « mamans de jour » (nourrices) engloutit la moitié d’un salaire moyen (environ 60 000 CHF) ! »

L’aventure digitale interactive

Lors de ses webinars, David Talerman aborde tous les angles de la vie professionnelle en Suisse. En janvier 2015, il organise une conférence en ligne autour de l’événement financier du moment : la fin du taux plancher du Franc Suisse CHF destiné à protéger l’exportation du pays. Parmi les experts invités à s’exprimer devant les 2000 participants inscrits, se trouve Jean-Marc Sabet, fondateur de B-Sharpe, une Fintech spécialisée dans le change de devises en ligne à taux préférentiel.

« B-Scharpe ne ciblait alors que les entreprises, se souvient David Talerman, mais son intervention géniale a touché énormément de particuliers lors de cette rencontre. Un millier d’entre eux sont devenus ses clients en un an ! Après quelques mois d’échanges amicaux et informels, j’ai rejoint sa société : notre complémentarité était une évidence. »

La confiance au cœur de l’aventure

David Talerman partage aujourd’hui son temps entre la stratégie digitale de la société B-Sharpe.com, en tant que Digital Executive Officer, et sa société Expatwire basée à Meylan.   « A 47 ans, je sais que la confiance est ma valeur phare ; les tournants de mon parcours professionnel sont dus à des rencontres bienveillantes. J’ai appris également l’humilité et vécu la résilience des dirigeants de TPE/PME qui traversent parfois de grands moments de solitude… Lorsqu’on me demande si ma notoriété actuelle ne me monte pas à la tête, je réponds que je suis un simple témoin qui rapporte ce qu’il sait et se nourrit des échanges avec ses semblables. »

Donner du sens à son parcours professionnel

Passionné par sa mission, David Talerman l’accomplit souvent de manière informelle en prenant un café avec un lecteur, en intervenant bénévolement dans des entreprises ou à Pôle emploi. « En écrivant mon premier livre, je me suis lancé un défi. La réussite de cette initiative m’apporte énormément sur le plan humain. Lors d’une visite en avant-première du Léman Express avec les membres de Courant 812*, un expatrié que je ne connaissais pas m’a dit « si je suis ici, c’est en grande partie grâce à vous ». Quelle récompense ! Quant à moi, j’en suis là grâce à mon épouse et à l’amour de ma famille, essentiel pour mon équilibre. »

*Courant 812 est une association de chefs d’entreprises franco-suisses. 812 est le nombre de kilomètres parcourus par le Rhône jusqu’à la Méditerranée.

 

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